Le Luxembourg avec un pied sur la Lune
Le décollage de la puissante fusée SLS (Space Launch System) le 16 novembre dernier acte le coup d'envoi officiel du programme Artémis. Celle-ci a décollé du Centre spatial Kennedy afin de mettre en orbite le vaisseau Orion à destination de la Lune. D’ici 2025 les États-Unis veulent établir un équipage sur l’astre lunaire avec le but d’y préparer les futures missions vers la planète Mars. Ces projets spatiaux s’inscrivent dans le cadre du programme baptisé Artémis.
Ensemble avec 20 autres pays qui ont signé les Accords Artémis avec les États-Unis, le Luxembourg fait partie intégrante de ce programme ambitieux. Le partenariat avec la NASA s'intègre parfaitement dans les efforts que le Luxembourg a déployés pour soutenir l'exploration spatiale et le développement du secteur au niveau national et international.
Un rover japonais made in Luxembourg
Jusqu’à présent le Luxembourg s'est taillé une solide réputation dans le domaine spatial et ne manque pas d’ambition à vouloir être au centre des activités dans le domaine. En seulement quelques années, le Grand-Duché a su réunir sur son terrain pas moins de 70 entreprises du secteur spatial à la pointe de la technologie.
Grâce aux moyens investis dans les programmes de l’ESA, qui permettent aux entreprises basées au Luxembourg de développer leurs technologies et services en la matière, le Grand-Duché semble avoir flairé le bon filon en ce qui concerne l'utilisation et l'exploitation des ressources spatiales.
Aujourd’hui, dans le cadre du projet Artémis, le pays continue de se positionner dans l’exploration de la Lune. Grâce à l’entreprise japonaise ispace, qui a son siège européen au Grand-Duché, le Luxembourg monte à bord de l'alunisseur nippon afin de poser pied sur la Lune en 2024. Selon le contrat conclu avec la NASA, la société d’exploration lunaire prélève de la matière minérale à la surface de ce satellite naturel de la Terre. Le robot rover est entièrement développé et construit au Luxembourg. Dans un ancien bâtiment logistique de la société Paul Wurth, il a été testé dans des conditions simulant au mieux la surface de la Lune.
La mission Artémis I
Avec le décollage de la fusée SLS en novembre dernier, le programme Artémis est officiellement lancé. Lors de cette mission, intitulée Artémis I, le vaisseau spatial Orion va uniquement faire le tour de la Lune sans y atterrir. Ce vol d’essai s’effectue sans passagers, mais seulement avec des mannequins, recouverts de capteurs pour mesurer entre autre le niveau de radiation auquel seraient exposés des astronautes. Il n'y a personne à bord du vaisseau spatial Orion qui a été posé au sommet de ce lanceur titanesque.
C’est au bout d’un voyage de 26 jours et plus de deux millions de kilomètres à son compte, que le vaisseau spatial Orion vient de retourner sur Terre avec un amerrissage dans l’Océan Pacifique le 11 décembre.
Au cours des prochaines années les missions Artémis II et Artémis III vont compléter le programme Artémis. Le premier vol habité en orbite de la Lune est prévu pour 2024, lors de la mission Artémis II, qui emmènera des astronautes jusqu'à la Lune, mais sans y atterrir. C'est l'équipage d'Artémis III, qui va ramener en 2025 au plus tôt un équipage sur l’astre lunaire.
Le Grand-Duché reste sur orbite
Au cours des dernières années, l’industrie spatiale a connu une croissance importante au Luxembourg. Le pays héberge le leader mondial des communications par satellite SES. En 2016 il a lancé l’initiative SpaceResources.lu et abrite l'ESRIC, le nouveau centre dédié à la recherche et au développement en lien avec les ressources spatiales.
Lors du dernier Conseil ministériel de l’Agence spatiale européenne (ESA) à Paris, le Luxembourg a même réaffirmé son engagement spatial. L’effort financier du Grand-Duché dans les différents programmes de l’ESA s’élèvent à 127 millions d’euros pour la période 2023 à 2027.
Le Luxembourg avec un pied sur la Lune
Ce qui est un grand pas pour l’Humanité, sera peut-être bientôt aussi un grand pas pour le Luxembourg. En effet, un petit bout du Luxembourg sera dans un futur proche dans l’espace.
En effet, en mai 2021, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) avait lancé un appel à candidature pour recruter de nouveaux astronautes. Sur 22.500 candidatures, 17 candidats ont été retenus, dont le Belgo-Luxembourgeois Raphaël Liégeois.
Il est considéré comme un astronaute belge, car il est né en Belgique. Ses parents ont déménagé à Differdange au début des années 2000, où ils vivent encore aujourd’hui. Marié et père de deux enfants, Raphaël Liégeois est chercheur à l'Université de Genève et à l'école polytechnique de Lausanne. Il a étudié à l'université de Liège. Son père travaille au Luxembourg Institute of Socio-Economic Research (Liser).
Trois questions à Marc Serres, CEO de la Luxembourg Space Agency (LSA)
1. Avec le retour sur Terre du vaisseau Orion, la mission Artémis I vient de s’achever. La mission a-t-elle été un succès ? Si oui, pourquoi ?
L’objectif de cette première mission était de démontrer le bon fonctionnement du système de transport que les astronautes utiliseront pour aller sur la Lune, avant qu’il y ait des passagers. C’est effectivement déjà un grand succès. La NASA va maintenant analyser toutes les données collectées lors de cette première mission pour faire les améliorations nécessaires pour le prochain vol qui hébergera des astronautes. Cette mission est aussi un grand succès pour l’Europe. La capsule est alimentée par un module de service qui a été développé et fabriqué en Europe. C’est un élément essentiel et indispensable pour le bon fonctionnement de cette mission et des futures missions avec les astronautes. Ce n’est pas très visible, malheureusement, mais nous pouvons être fiers comme européens de faire partie de cette nouvelle ère spatiale à la redécouverte humaine de la Lune.
2. Quelle est l'importance de ce programme pour l'ensemble de l'astronautique ?
Ce n’est pas seulement un programme important pour l’astronautique, mais pour l’humanité tout entière. Nous sommes en train de vivre ce que nos parents ont vécu dans les années Appollo. Retourner sur la Lune avec des astronautes est une prouesse incroyable. Seules trois nations ont jusqu’à présent réussi à poser des instruments sur la Lune : les États-Unis, la Chine et l’Union soviétique. Et là il ne s’agit que d’exploration robotique. L’approche suivie par la NASA pour développer les activités lunaires donne aussi une place importante à l’industrie. Nous allons voir dans les prochains mois, les premiers alunisseurs développés par des entreprises se poser sur la Lune. C’est extrêmement excitant de pourvoir assister à toutes ces avancées technologiques.
3. En quoi la mission Artémis I ou la mission Artémis en général est-elle importante pour le Luxembourg ?
En 2016, le Luxembourg a annoncé son initiative Spaceresources.lu. L’objectif est de promouvoir l’exploration pacifique et l’utilisation durable des ressources spatiales. La vision du Luxembourg porte sur l’avènement une nouvelle économie spatiale qui ne pourra voir le jour que si nous sommes capables d’utiliser les ressources là où nous irons dans l’espace. Et cela commence par la Lune. Envisager des activités humaines sur la surface de la Lune sans recourir à l’utilisation des ressources disponibles sur la Lune est une utopie. Et c’est encore plus vrai pour la future exploration de Mars. Un modèle où il faudrait tout transporter à partir de la Terre sur Mars, qui est à presque un an de voyage de la Terre, ne me semble pas être un modèle réaliste. Participer au programme Artemis est donc une opportunité unique pour le Luxembourg de pouvoir démontrer, tester et valider sur la Lune les technologies liées à l’utilisation des ressources spatiales qui sont développées par nos centres de recherche et nos entreprises.
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